5 croix et 2 enveloppes

Exposition « Cinq croix et deux enveloppes» par Claire AUDIFFRET
Cette exposition, s’articule autour de deux périodes avec des œuvres anciennes de facture classique (grands formats en gouache, collages) jamais exposées et des œuvres plus récentes et plus expérimentales (collages de papiers).
La dimension sérielle de mon travail, quelques soient les matériaux utilisés, m’a conduite à choisir le titre « Cinq croix et deux enveloppes » qui est en fait un clin d’œil à la multiplication des pains dans l’évangile de Saint Matthieu. Les « Cinq pains et deux poissons » / « cinq croix et deux enveloppes » renvoient en fait à mes séries qui se démultiplient à l’infini.

Pourquoi la croix et l’enveloppe ?
La croix est une forme qui revient depuis toujours dans mon travail (dessins, peintures, collages) de manière récurrente (influence de Malevitch ?) et, depuis 13 ans, l’enveloppe est devenu mon matériau de prédilection. (Pierre Buraglio, un de mes artistes fétiches, lui-même frappé par la beauté plastique de l’enveloppe a produit avec des collages avec l’utilisation de la même enveloppe).
C’est en étant assignée à résidence pour des raisons personnelles que j’ai découvert avec surprise l’échantillonnage de couleurs qu’offrait l’intérieur de banales enveloppes administratives, seul lien à l’époque que j’avais avec l’extérieur. Ouvrir les enveloppes, « en les sauvant de la poubelle », pour faire apparaitre l’intérieur d’un matériau à la fois simple et banal et le traiter au travers d’un recyclage « plastique » s’est alors imposé à moi.

Première période : le quotidien et l’enveloppe comme sources d’inspiration
Ma démarche puise essentiellement sa source dans le quotidien et les matériaux pauvres (papier, carton, plastiques, emballages, polystyrène, bois de récupération) en raison du potentiel plastique que ceux-ci recèlent…Ainsi, une simple bouteille, une tasse et une cafetière, objets simples que j’ai beaucoup dessiner au crayon, à l’encre et au goudron constituent une source inépuisable de représentations « codifiées » permettant de quitter la simple interprétation d’objets pour aller vers l’abstraction. Les grands et moyens formats ont été essentiellement guidés par le plaisir du travail de la matière. Ce plaisir du travail de la matière (gouache) a été remplacé par l’expérimentation s’exerçant sur un seul matériau : l’enveloppe, laquelle est déchirée/recollée, déconstruite/reconstruite, découpée, ré agencée, transformée en maints modules se déclinant en différentes directions, etc. Bref, j’ai quitté la richesse et le plaisir du travail de la matière avec la gouache pour le monde « ascétique » et sous contrainte d’une production de séries de collages de papier placé sous le signe de l’expérimentation.
Deuxième période : « De la richesse infinie que constitue la contrainte de l’utilisation d’un seul matériau» ou le « Un et le Multiple »
Matériau pauvre/riche, frontière entre l’extérieur et l’intérieur, l’enveloppe offre un espace étonnant d’expérimentations infinies sous formes de collages que je n’ai pas encore fini d’explorer. Ma démarche consiste alors essentiellement à faire surgir de la manière la plus libre possible, la potentialité plastique de ce matériau jusqu’à épuiser et faire rendre gorge à chaque série. La création à l’infini de séries dans de multiples directions à partir d’un seul matériau « illustre » la démultiplication des pains ou encore le « Un et le multiple » platonicien. La dynamique sérielle telle un parcours l’emportant alors sur l’ensemble des étapes que constituent chaque collage.

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